
Reynard Saillon
Nous avons de nouveaux fournisseurs de légumes au Radis.
Quand j’ai eu l’info, je suis allée voir leur site: https://www.reynard-biotop.ch/.
On y lit d’emblée la phrase suivante:
« Jeunes producteurs de fruits et légumes bio à Saillon ».
Quelques jours plus tard, à peine revenue de ma rencontre avec Sylvia Theiner, je me précipite dans la rédaction de ce portrait tellement je me réjouis de vous faire connaître cette nouvelle équipe qui a démarré l’aventure maraichère en 2007.
Leur forte envie de cultiver a pu se concrétiser au moment où ils ont eu l’occasion de louer un terrain sur lequel, en plus, il y avait une serre (combinaison pas facile à trouver). Sylvia utilise souvent le mot « idéologie » pour décrire à quel point il est essentiel pour eux de produire bio et de qualité, celle q’elle aime offrir à leur clientèle autant qu’à soi.-même. Elle partage son travail comme cultivatrice bio avec son métier d’infirmière. C’est Jean Reynard qui a les 3 CFC nécessaires au bon foncitonnement de l’exploitation: maraicher, arboriculteur et vigneron.
Le reste de la sympathique équipe apprend chaque jour à ses côtés.
Ils sont cinq dont trois d’entre eux font partie de la même famille.
Je souris quand elle me parle de la différence entre ses deux casquettes. Comme infirmière, elle circule dans un environnement stérilisé et stressant, sous la lumière artificielle, qui requiert une grande concentration. Alors qu’en tant que maraichère, elle est à l’air libre, sous le soleil, le vent et la pluie, avec les mains salies par la terre. Même s’il y a aussi beaucoup à faire, cette activité lui vide la tête et la ressource. Ces deux territoires professionnels qu’elle côtoie au quotidien renforcent sa conviction du besoin de prendre soin de Soi et de notre système immunitaire. Et une bonne alimentation en est un des importants piliers.
Nous abordons ensemble la contradiction qui touche de plein fouet les petits producteurs : ne pas pouvoir vivre de leur travail. Elle reconnait avoir besoin de son salaire d’infirmière et que la gestion de son temps est plutôt complexe. A la ferme, elle s’occupe des plantons. Elle m’en montre un plateau sur lequel quelques-uns sont malheureusement secs, parce qu’elle n’a pas trouver le temps de venir les arroser comme ils en avaient besoin. Elle assume qu’elle jongle du mieux qu’elle peut avec ses deux mondes, tout en étant consciente des limites que cette réalité actuelle lui impose.
Ils ont fait le choix de la vente directe, en libre-service, dans quelques magasins bio de la région ainsi que sur les marchés de Monthey et de Sion.
Quand elle me parle du lien avec sa clientèle, son expression est parlante : elle aime le contact humain. Entre un 80 et un 90 % de sa clientèle leur est fidèle.
Quand l’un.e ou l’autre de ces client.e.s doit s’absenter pour des vacances, par exemple, elle les avertit : « On ne viendra pas la semaine prochaine, on part en vacances, ou bien : Je vais rendre visite à ma soeur, qui habite loin ».
Quand ces personnes reviennent, Sylvia aime savoir comment ça s’est passé. Sans aller forcément en profondeur, ces partages simples humanisent leurs rapports et tissent des liens bienfaisants. D’autre part, des questions sur des légumes peu habituels permettent aussi des échanges est la mise en circulation de nouvelles recettes.
Lorsque la saison donne une grande récolte, comme par exemple pendant la saison des tomates, alors ils doivent chercher des grossistes qui achètent leur surproduction. Ils avaient participé pendant un temps à une plateforme bio, mais avaient fini par la quitter, préférant limiter au maximum les intermédiaires.
Ce n’est pas la première fois que je suis face à des agriculteurs qui doivent s’accrocher pour essayer de tenir, les chiffres rouges étant une menace qui plane souvent au-dessus de la tête des petit.e.s product.eur.trice.s.
Sylvia me parle du gel, de réparations nécessaires, de leur impact sur le budget, de connaissances qui ont dû fermer leur magasin ou quitter leur projet. Comme à chaque exercice, les chiffres à la fin de l’année décideront s’ils peuvent continuer ou pas.
Quand je demande à Sylvia quel serait le message pour les membres de la coopérative, elle est très claire : « S’il vous plait, pensez à soutenir les petits producteurs!!! » Ainsi, si vous apprenez qu’ils ont dû fermer, vous n’aurez pas de remords. Vous aurez fait , comme beaucoup d’entre nous, au mieux selon nos capacités du moment.
Au moment de la quitter, elle me glisse une belle poignée d’asperges et une barquette de fraises fraîchement cueillies. Je sais déjà que je vais me régaler et je gazouille de plaisir. En effet, je me sens, avec vous, moi aussi, comme un colibri : j »e fais ma part, même si elle est petite ».